Episode 10 :  Il faut toujours essayer...

 

Nous savourons les excellentes nouvelles de ce début d'année 1998...

L'I.R.M. est satisfaisant et, même s'il ne peut toujours pas se servir de sa main droite, Jérémie marche tout seul ! Pour moi, la récupération au niveau de sa jambe était plus importante que celle de sa main, alors je suis vraiment ravie !

Le kiné m'assure qu'il pourra même courir un jour : quand je vois comment il marche, je suis sceptique, mais de toutes façons ça m'est un peu égal, puisqu'il marche !

Le monde parallèle dans lequel nous vivons depuis le 22 avril 1997, cette terrible journée où tout a basculé, s'éloigne doucement et se referme peu à peu, et nous reprenons pied dans notre vie de tous les jours.

La connexion avec le monde qui nous entoure se refait à nouveau... On peut commencer à se préoccuper de choses qui étaient devenues le cadet de nos soucis, de choses qu'on avait oubliées, de ce qui se passe autour de nous tout simplement...

Nous osons même faire des projets : partir en vacances cet été, inscrire Jérémie à l'école pour la rentrée prochaine, acheter une maison...

 

rentrée

 

Maintenant que Jérémie marche, on peut effectivement envisager qu'il aille à l'école.

 

Du coup, en pensant à cela concrètement, avec tout ce que cela implique, je suis soudain inquiète : sachant qu'en maternelle il y a énormément d'activités manuelles, je me demande comment cela va se passer pour Jérémie, puisqu'il n'utilise qu'une seule main.

 

Cette réalité qui nous rattrappe déjà devient vite très angoissante, et une crainte grandit en moi : et s'il n'était pas accepté dans une école traditionnelle ? S'il lui fallait intégrer un établissement adapté ?

Je n'avais jamais pensé à tout cela avant, je ne m'étais jamais posée toutes ces questions. Du coup, ce qui me semblait une joie au départ se transforme en une vive inquiétude... 

Jérémie est notre aîné, je n'ai donc encore jamais eu de contact avec le milieu de l'enseignement scolaire. Et comme je ne connais personne dans la même situation que nous, je ne sais pas du tout comment ça se passe dans des cas comme ça...

Je me refuse à imaginer l'inimaginable, et me renseigne pour connaître les démarches d'inscription dans l'école de notre commune. Et surtout, je prends rendez-vous avec le directeur, afin de lui expliquer la situation. En attendant, j'angoisse carrément, comme si la suite de notre vie dépendait de ce rendez-vous. 

Finalement tout se passe bien, on nous annonce que Jérémie va pouvoir aller à l'école avec les autres enfants  : OUF !!!! Quel immense soulagement !!! Il n'y a plus qu'à attendre la rentrée...

 

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Maintenant, on peut penser sereinement à notre recherche de maison, mais surtout aux vacances d'été...

... Philippe et moi sommes des randonneurs. Nous adorons la montagne en particulier, et notre rêve a toujours été de randonner en famille pour faire découvrir tous les jolis coins de France, ou d'ailleurs, à nos enfants, dans l'espoir de leur transmettre notre passion.

Depuis la naissance de Jérémie, nous sommes partis à deux reprises en vacances d'été et avons pu faire de la randonnée grâce au porte-bébé... Mais l'été prochain, Jérémie aura 3 ans, et il sera trop lourd pour être dans le porte-bébé.

Il marche, certes, mais de là à marcher en montagne, c'est une autre histoire : les sentiers sont accidentés, sans parler des dénivelés... Cela lui sera-t-il possible ? 

Déjà, par ici, lorsque Jérémie marche tout seul dans les allées où il y a quelques pierres, il bute souvent, et tombe parfois, au grand dam d'une personne de notre entourage bien intentionnée pourtant qui pense que : "oh, le pauvre petit bonhomne, il ne va pas y arriver". Ainsi par exemple il ne faudrait pas laisser Jérémie ouvrir tout seul un paquet cadeau, sous prétexte que d'office "il ne va pas y arriver, il faut l'aider".

Cette attitude m'insupporte ! Je n'en peux plus d'entendre cela depuis plusieurs mois : "il ne va pas y arriver"... Je finis par prendre la personne à part, et lui explique que je ne veux plus jamais entendre dire qu'il ne va pas y arriver. Si on part du principe qu'il ne va pas y arriver, j'ai l'impression que c'est le condamner à l'avance à l'échec à tout jamais... Alors pour moi, Jérémie doit d'abord essayer tout seul, et ensuite s'il n'y arrive pas on l'aide, mais seulement et uniquement dans ce cas-là... 

C'est donc tout naturellement que nous décidons d'essayer la marche en montagne avec Jérémie.

Lucides, nous sommes bien conscients que nous allons peut-être devoir renoncer à la randonnée à tout jamais, afin de s'adapter à Jérémie et à notre nouvelle situation...

Mais comment renoncer avant même d'avoir essayé ? C'est impossible, il nous faut essayer !!!

L'été prochain, nous irons donc dans les Hautes-Pyrénées, où je réserve une maison de location pour 2 semaines fin juillet. 

18 juillet 1998...

Nous partons en vacances jusqu'au 31 juillet...

Evidemment, nous ne comptons pas nous lancer dans de grandes randonnées, mais juste dans de petites balades en montagne, adaptées aux enfants... Et évidemment, au rythme de Jérémie bien sûr !

Et là, c'est le bonheur total, car nous constatons que Jérémie arrive à marcher sur les sentiers, à petits pas, avec notre aide, mais surtout en y prenant plaisir, ce qui est primordial pour nous... Peu importe si nous mettons trois heures au lieu d'une, nous sommes en vacances, nous avons tout notre temps, et tout ce qui compte c'est d'y arriver. Pour ne pas trop le fatiguer, nous le portons de temps à autre, et ainsi ça fonctionne à merveille !

A nous les ruisseaux, les lacs, les cascades, les marmottes, les fleurs, les pique-nique en pleine montagne... 

Nous avons essayé, et nous avons réussi. Notre rêve de faire de la randonnée avec Jérémie est en train de se concrétiser... 

Je ne suis pas prête d'oublier ces vacances qui nous laissent remplis d'espoir pour l'avenir... 

 

Non, Jérémie ne grandira pas en entendant : "pauvre petit bonhomne il ne va pas y arriver".

Non, nous n'allons pas le mettre dans une boite de coton pour le protéger, ni faire les choses à sa place en permanence.

Jérémie grandira en entendant : "il faut toujours essayer". 

 

Arreau1

Arreau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                         

 

 

 

                                                                                                                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                    A suivre...

Commentaires   
elodie
# elodie 26-11-2014 21:34
Et oui il faut toujours essayer! Moi ce que j'entends souvent c'est et bien tu as du courage ou je c'est pas comment tu fait....on fait car c'est notre enfant et on ce pose même pas la question! Ou alors quand on me dit que ce que je fait pour lui ( kiné, ergo , psychomot.... ) tu le conforte dans son handicap tu ne devrais pas faire sa c'est lui mettre une étiquette! Comme sa fait mal.... et pourtant j'essaie de faire le meilleur pour lui
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Sylvie
# Sylvie 27-11-2014 14:10
Oui, on fait ce qu'il nous semble que n'importe quel parent ferait dans notre situation, tout simplement parce que c'est notre enfant et que du coup on ne se pose pas la question. Sauf que, à entendre certains médecins, ce n'est justement pas ce que font tous les parents !!!! Mais j'y reviendrais plus tard en tant voulu...

En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu ce genre de jugements de la part de mon entourage, hormis celui dont j'ai parlé dans l'épisode... Au contraire, tout le monde nous a toujours encouragés dans toutes nos démarches...

Quant tu dis que pour ton enfant tu fais kiné, ergo et psychomotricité , je suppose que ce n'est pas toi personnellement qui le fais, mais des professionnels. .. Comment les gens peuvent-ils penser que ça puisse être néfaste pour nos enfants, alors qu'au contraire c'est pour les aider... C'est comme si on leur disait que ce n'est pas bien qu'ils aillent chez leur médecin quand ils sont malades !!!!!!!! On ne conforte pas nos enfants dans leur handicap, et on ne leur met pas une étiquette en faisant ça : on les aide à surmonter leur handicap au contraire, pour éviter justement que plus tard ils aient une étiquette !!!!!

Continue à faire comme tu le fais, en faisant ce qu'il te semble être le meilleur pour lui, car à terme je pense que c'est toujours payant un jour ou l'autre. Et j'espère que les gens autour de toi arrêteront de te faire du mal avec ce genre de commentaires médisants !
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Caroline T.
# Caroline T. 24-09-2017 11:46
Pour ses premières randos c'est un très beau lieu. Et oui, il ne faut pas écouter ni laisser parler les gens défaitistes. :-)
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sylvie
# sylvie 25-09-2017 08:51
J'espère pouvoir mettre ces premières randos faites avec Jérémie prochainement en ligne sur le blog. Par contre il faut que je scanne les photos faites avec mon tout petit appareil photo de l'époque, et comme tu peux le constater, la qualité c'est vraiment très bof !

Sinon pour les gens défaitistes, le pire c'est que la plupart du temps ils n'ont aucune raison de se plaindre, bien au contraire ! C'est tout simplement qu'ils ne se rendent même pas compte de leur propre bonheur... Du coup ils risquent de s'en rendre compte trop tard, quand ils l'auront perdu...
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